La chaise dans l'armoire

La chaise ne raconte que des histoires vraies (avec simplement une bonne dose de mensonges)...

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Par Ariane Rouquette
2 juil. · 8 mn à lire
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La chaise dans l'armoire (31)

Les mains d'André

Les mains d’André sont

Fines

Agiles

Elles volent sur le piano, de touche en touche, les frôlant à peine, les libérant de leur son, à leur rythme, respectueux et clair.

Je les écoute avant que de les voir.

C’est l’anniversaire de Victoire, une amie de Fénelon. Pour ses 18 ans, elle a réuni famille et amis dans la villa de ses parents, au Cap Brun.

J’arrive en retard, la cherche dans toute la maison au milieu de ces gens que je ne connais pas et, soudain, j'entends la musique.

Elle s'échappe d'une petite pièce, après la salle de billard, enjouée et pourtant grave, à peine audible mais si peu discrète… simplement, elle fait sa vie au milieu des bavardages.

J’entre sur la pointe des pieds. Ce garçon qui joue seul… Je m’assois près de lui. Je ne dis rien, j’écoute.

Il joue longtemps, sans s’interrompre, sans me regarder, comme s’il n’avait pas senti ma présence, comme s’il était dans les airs, dansant, chantant avec sa musique.

Il joue longtemps sans que mes yeux quittent la course de ses doigts, sans que mon cœur batte autrement qu’au rythme de ses notes.

Il joue longtemps et puis le morceau s’achève. Alors il lève les yeux vers moi.

Et il me sourit.


Les mains d’André sont

Souples

Puissantes

Comme celles d’un nageur.

Plus qu’un nageur : un apnéiste.

Il plonge avec son oncle, Armand, lorsque ce dernier n’est pas en mer.

Armand est capitaine de frégate, tout comme son frère – le père d'André : c'est une famille d’officiers de Marine.

(Papa est colonel dans l’Armée de Terre, c’est plus inattendu à Toulon.)

Je rencontre Armand dès le premier dîner durant lequel André m’introduit dans sa famille. J’aime beaucoup cet oncle, tout comme ses parents. Des personnes intelligentes, droites : oui, André ne peut venir que de cette famille-là. Son oncle, son père… me font tellement penser à mon père à moi.

André plonge tous les samedis avec son oncle : c’est leur rituel.

Ils prennent leur bateau, amarré près du fort Saint-Louis, mettent le cap sur Porquerolles ou du côté des Deux-frères… Vêtus de leur combinaison, un masque sur le visage et aucune bouteille sur le dos, ils plongent… parcourent les tombants, coursent les sars. Des minutes et des minutes en apesanteur gagnées à force de pratique, de maîtrise et d'assurance.

A son retour, les yeux brillants, André me raconte : la lumière qui se distille au travers des vagues, la beauté et la paix – surtout, la paix.

Je lui demande comment il peut rester des minutes entières sans respirer ?

Il me répond : « Avoir envie de respirer, c’est comme avoir envie de manger : si tu n’écoutes pas cette envie, elle passe, et tu peux tenir jusqu’au prochain repas. ».

Je secoue la tête : quoi, ce serait si simple ?

Et lui, il rit : « l’apnée, c’est le yoga de la mer ! ».

Puis il m'embrasse, moi qui secoue la tête, inquiète, fascinée, n’imaginant pas une seule seconde l’accompagner un jour sur son canot.

Je ne suis pas une fille de l’eau : je suis une fille des ports.

Papa a servi dans la Coloniale. Mon frère, Maman et moi l’avons suivi aux quatre coins du monde : de l’Indochine au Sénégal.

Alors qu'en dis-tu : d’où est-on lorsqu'on passe son enfance à déménager de ville en ville ?

Mon port d’attache, c’est la baie de Somme. C’est là que ma grand-mère maternelle nous a recueillis, mon frère et moi, lorsque mes parents sont restés pour la fin de la guerre, en 54.


Les mains d’André sont

Minutieuses

Habiles

Elles effleurent chaque objet comme si elles lui reconnaissaient intrinsèquement son prix inestimable.

Ainsi prend-il soin des choses autant que des gens.

Et, parmi tout, c'est sa montre à gousset que j’aime le voir remonter délicatement.

C’est une montre ancienne, en argent : objet magnifique offert par son parrain.

Mais un jour, la montre cesse de fonctionner.

Ensemble, nous nous rendons aux Galeries Lafayette dans l’espoir de la faire réparer ; l’horloger se contente de secouer la tête. Le mécanisme est grippé, bien trop fin pour qu’il se hasarde à tenter de la remettre en marche.

« Vous pouvez toujours vous en servir comme d’un bel objet de décoration ».

C'est donc ce que nous faisons : avec l’accord de mes parents, André cloue la montre au mur de ma chambre.

Cette montre…

Les aiguilles éternellement arrêtées sur « 16h52 »…

Ce cadeau, c'est une promesse… je sais, oui, je sais…


Les mains d'André sont

Amoureuses

Respectueuses

Quand elles ouvrent délicatement ce petit coffret dans lequel repose la bague, je pleure de joie.

Regarde… j’en pleure encore…

En vérité, je n’ai jamais eu aucun doute. La montre à gousset clouée dans ma chambre, c'était déjà son cœur qu’il m’offrait à jamais.

Simplement, avec cette bague… c'est l'officialisation de notre amour devant nos proches et devant Dieu.

Devenir « nous ».

« Faire famille »…

Ma mère et ma belle-mère se mettent tout de suite d’accord. Je les laisse faire. Je n’ai jamais rêvé d’un grand mariage – ni d’un petit, d’ailleurs. Qu'elles fassent bien de ce moment ce que bon leur semble, quelle importance ?

Moi, j'ai tout ce qu'il me faut : je vais me marier avec André.

Les mains d’André sont

sont…

Les mains…


Comment te raconter ce jour-là au présent ? Je ne m'en souviens pas.

Pourtant, chaque détail infime est gravé à jamais dans ma mémoire.

Je me souviens du coup de sonnette… de Maman occupée dans la cuisine qui me crie d’aller ouvrir, du livre que je ferme sans marquer la page.

Je me souviens du crissement de la porte.

Je ne me souviens pas du visage d’Armand.

Je me souviens de l’odeur du thé au jasmin que Maman nous sert dans le silence.

Je me souviens du coussin tapissé de poissons que je serre dans mes bras.

Je ne me souviens pas des mots d’Armand.

Ni de la tasse tombée de ma main.

Je me souviens seulement des éclaboussures sur le tapis… des yeux de ma mère… du coup de poignard dans ma poitrine…

Mais je ne me souviens pas des mots.


Les mains d’André sont

Disparues.

Elles sont disparues.

Disparues.

La lumière était grise.

La mer l’était aussi.

Ils avaient l’habitude.

Mais quand Armand est remonté, André n’était pas là. Son oncle a attendu, une minute, puis deux, puis il a commencé à prendre peur. Alors il a plongé mais il ne l’a pas vu. Il a plongé encore mais il ne l’a pas vu. Il a plongé encore, puis encore, et encore, mais André est demeuré introuvable.

Cette scène, je n’y étais pas mais je m’en souviens par cœur, je l’ai vécue cent fois, mille fois depuis cette annonce terrible !

Le sel sur mes lèvres, dans mon nez qui brûle, mon cœur qui bat, de plus en plus fort, mes poumons qui explosent mais je plonge et je plonge encore dans les ténèbres pour retrouver André, retrouver André ! Je l'appelle dans ma tête, puis n'y tenant plus les mots sortent de ma bouche qui s’ouvre et qui hurle : « André ! André ! André !!! » mais le son informe est aussitôt étouffé par la mer et ma gorge se remplit d’eau ; partout le vide, juste le vide.

Je le sais, c'est tout ce qu'Armand n'a pas osé me dire.

Il l'a cherché longtemps, tu sais ? longtemps… Des heures, des jours, des semaines…

Je sais bien qu'il n'a pas pu rester plus de quelques heures seul au milieu des vagues à chercher son neveu. Je sais bien qu'il est venu dès l’après-midi pour me voir.

Mais je sais qu'il l'a cherché bien plus longtemps : quand je l'imagine, je le vois plonger plusieurs jours et plusieurs nuits.

Je sais qu’il l’a cherché autant qu’il l’a pu.

Mais il ne l’a pas retrouvé.

Il n’a pas retrouvé mon amour…



Maintenant, je veux te parler de ce jour-là.

Écoute… je sais que tu as tendance à… modifier les histoires qui te sont racontées : à embellir, empirer la fin…

S'il-te-plaît : promets-moi de ne rien changer à mon récit.

Mon amour ne mérite aucun mensonge.


André est parti et moi, je suis seule.

Le monde autour de moi est une masse grise, informe.

Les jours passent, s'enchaînent, terribles. Je ne vois rien, je ne sais combien…

Me voilà chez les parents de mon fiancé. Ma mère est là aussi.

J'ai apporté une tarte aux mirabelles.

Ma mère a voulu que je cuisine. Ma mère a dit : «  Face à la mort, il faut manger. »

Ce n'est pas puéril, de manger. Ni irrespectueux, ni malsain. Manger, tenter de se remplir quand on est en deuil, c'est comme un acte de résistance. C'est permettre à son corps de se rappeler qu'il est encore là, qu'il est, lui, toujours en vie.

Moi, je ne veux plus vivre. Terrassée. Je suis terrassée de chagrin, de fatigue et de larmes. Je ne veux plus vivre. Je ne toucherai pas à la tarte aux mirabelles.

Mais je l'ai cuisinée. Sur ordre de ma mère – comment m'y opposer ? Ma mère a toujours été quelqu'un de dur mais, depuis la mort de mon fiancé, son cœur a fini de se changer en pierre.

Pas un jour, elle ne m'a laissé m'abattre. Pas un jour ! Non, je ne devais pas rester comme ça ! Il fallait que je m'occupe, qu'elle m'occupe, faire de la cuisine, laver les carreaux, n'importe quoi qui occupe mes mains en espérant que mon chagrin cesse !

Alors ce jour-là, j'ai fait une tarte aux mirabelles et nous l'avons portée chez ceux qui ne seraient jamais mes beaux-parents.


Nous sommes assis tous les quatre autour de la table basse. Il fait froid dehors. Le mistral souffle depuis deux jours, balayant un ciel d'un bleu trop pur, glacé. Le froid s'immisce entre les fenêtres.

Maman discute avec les parents d'André. Ou avec son père seulement. Moi, je suis assise près de ma mère. Je sens la bosse d'un coussin contre le bas de mon dos. Mes yeux absents fixent le ventre de Kobi, le setter d'André. Son ventre assoupi se gonfle et décroît, doucement. Il est calme.

André aimait tellement ce chien…

Nous l'avons tant de fois promené le long de la Mître… je ne le promènerai plus.

Je ne le promènerai plus.

Les larmes me montent aux yeux.

Mais voilà que Kobi dresse les oreilles, se lève et se précipite vers le couloir en aboyant à tout rompre !

Aussitôt, Panurge, le dalmatien, qui dormait je ne sais où, traverse à son tour le salon comme un boulet de canon pour rejoindre Kobi, jappant de même !

La mère d'André se lève : « Quand les chiens aboient comme ça, explique-t-elle, c'est qu'un visiteur ne va pas tarder à sonner. Et au vu des mouvements de queue de ce cher Kobi, il s'agit de quelqu'un de proche, sans doute l'oncle Armand. »

Mais personne ne frappe ni ne sonne à la porte.

Au fond du canapé, enfermée dans mon brouillard, je continue d'entendre les chiens aboyer.

Une minute.

La mère d'André dit :

-Allez, taisez-vous, les chiens ! Vous voyez bien qu'il n'y a personne.

Mais les chiens ne se taisent pas.

Une autre minute passe. Puis ma mère se lève en me tirant par le bras. Bien sûr… ce n'est pas poli de rester assises : allons tenir compagnie à notre hôtesse.

Nous passons la porte du salon et faisons quelques pas dans le couloir.

La mère d'André est agenouillée auprès de ses chiens, elle les caresse, les flatte, mais rien n'y fait : leur excitation redouble.

Je les regarde distraitement.

C'est drôle, ça n'est pas après la porte d'entrée, qu'ils en ont : c'est après le miroir. Ce grand miroir dans lequel mon regard plonge comme par réflexe chaque fois que j'entre dans cet appartement, qui permet de se contempler des pieds à la tête…

Et c'est face au miroir que les chiens aboient, gesticulant, dansant, soulevant leurs pattes avant, se retenant de gratter la glace.

Alors je regarde à mon tour.

Et dans la glace, il y a André.

Il y a André. Il est dans le miroir.

Il regarde les chiens.

La main de ma mère se pose sur mon épaule.

Elle chuchote :

-Tu vois ce que je vois ?

Je hoche la tête, incapable de parler. Je vois, ma mère voit, les chiens voient. Les parents d'André ne voient pas. Comment le pourraient-ils ? Ils n'ont pas le don que m'a transmis ma mère.

Une autre fois. Je t'en parlerai une autre fois.

Pour l'instant, je n'existe plus, je ne suis plus que mes yeux, et ces yeux sont fixés sur mon fiancé, debout dans le miroir.

Il regarde ses chiens.

Il est vêtu d'un pantalon beige et de ce polo bleu qu'il affectionne tant. Son visage est calme, il a l'air heureux d'entendre ses chiens.

Et puis soudain, il lève la main, en signe d'apaisement. Alors les chiens se taisent. Ils continuent de remuer la queue, à toute vitesse, mais ils cessent de gesticuler. D'un geste, André leur intime l'ordre de s'asseoir et les bêtes obéissent.

Il les a bien dressés, ses chiens.

André est dans le miroir. Il regarde les chiens assis qui lui font face, désormais immobiles, le regard tendu vers leur maître. André sourit.

Puis son regard quitte celui de ses bêtes, sa tête se relève et, soudain, enfin, son visage se tourne vers le mien.

Je réprime l'envie folle de me jeter à mon tour sur la glace. S'il avait peur… s'il s'en allait ?!

Je reste là à le regarder, mes yeux pleurent doucement.

Lui ne bouge pas, il n'ouvre pas la bouche, ses paupières clignent de temps en temps. Il me regarde et son regard ne me quitte pas. Je sais que lui aussi voudrait traverser le miroir.

Il reste ainsi une dizaine de minutes et puis il part.

Simplement, son image s'efface de la glace. Alors les chiens se lèvent, s'étirent et s'en retournent à leurs occupations.

Moi, je reste debout devant le miroir, longtemps. N'y déchiffrant pourtant plus que mon reflet.


Quoi ?

Le don de Maman ?

Ah… que t'en dire ?

Quand elle était écolière, elle se cachait avec ses copines dans les fourrés, à proximité du chemin, et quand le facteur passait à bicyclette, elle essayait de le faire tomber à distance.

Il y a aussi le directeur de l'école qui lui demandait de venir pour ses réceptions, quand il voulait « faire tourner les tables ».

J'ai hérité de tout cela.

A 15 ans, je me suis mise à faire des sorties de corps. J'étais dans mon lit et, tout à coup, j'étais quelques mètres plus haut, flottant juste en dessous du plafond. C'était très agréable, cette sensation de voler, mais aussi très laid, ce corps vide en dessous de moi, inerte, inhabité.

Il y a eu ça, il y a eu d'autres choses. Et puis il y a André.


Chaque semaine, je me rends sur sa tombe au cimetière.

Oui, au cimetière, car nous l'avons enterré.

Enfin... « enterré »...

Nous n'avons pas retrouvé son corps.

La mer l'a avalé, digéré… on dit qu'elle finit toujours par rendre ce qu'elle a pris – pas lui.

Ses parents l'ont enterré quand même.

Nous avons célébré la messe autour de ce cercueil vide. Nous avons suivi cette boîte qui ne servait à rien jusqu'au cimetière et puis nous avons enfermé les planches vides dans une tombe vide.

C'était absurde, tellement absurde.

Ses parents ont dit que non, que ce que nous mettrions dans le cercueil, ce serait tout de même un peu « lui ».

Alors nous y avons déposé... sa croix de baptême, son carnet de musique, un brin de lilas...

Moi, j'ai fait couper ma bague de fiançailles et glissé la moitié sur le bois d'if.

L'autre morceau est avec moi, toujours avec moi.

Et tous les samedis, j'amène le morceau de ma bague retrouver sa moitié au cimetière.

Je m’assois auprès de la tombe.

Et tous les samedis, André est là, qui m'attend.

En l'apercevant, mes pas se pressent, je ne puis réprimer comme un signe de la main. Lui se contente de me sourire, avec son regard paisible, clair.

Je m'assois à ses côté sans jamais, jamais oser faire mine de le toucher.

Et nous restons là.

Quelques fois, je lui parle. D'autres fois, je ne dis rien.

Je le contemple. Il est si beau… Ses mains posées sur ses cuisses sont toujours les mêmes : fines, dextres, minutieuses.

Des heures entières, je me rassasie de sa présence. Soudain nous voilà ensemble, soudain, à défaut d'avenir, il me reste encore le présent.

Des heures entières, je reste assise, jusqu'à la venue du soir.

Alors je prends congé.

Je me lève, le salue… il me sourit une fois encore et puis je lui tourne le dos.


Mes visites durent depuis un an lorsque, ce samedi, je ne l'aperçois pas en m'approchant de la tombe.

Je m'assois, je l'attends. Il ne vient pas. J'attends mais j'ai compris : il ne reviendra plus.

Ma vue se brouille. Je ferme mes paupières, je ne veux pas essuyer les larmes qui brûlent pourtant ma peau.

Je ne verrai plus les yeux ni les mains d'André.

Je reste là, assise, à regarder le vide, à regarder sa tombe, à regarder… la lumière se faufilant dans les feuillages.

Je ne savais pas.

Je ne savais pas que, toutes ses semaines, pendant que je contemplais mon fiancé, le monde, discrètement, avait repris des couleurs…

J'attends André longtemps, longtemps... et puis je me lève et je pars.

Bien sûr, j'ai toujours su qu'il finirait par s'en aller mais j'aurais tellement aimé qu'il reste encore, rien qu'une fois…

Je pleure doucement sur le trajet.

Je franchis en silence le seuil de ma maison, je ne veux pas que mes parents sachent que je suis rentrée, je suis incapable d'aller embrasser mon père.

Je m'enferme dans ma chambre, m'écroule sur mon lit, le nez vers le plafond.

Et puis mes yeux, caressant le mur, se posent sur la montre à gousset, toujours accrochée à son clou.

Ce n'est plus la même heure.

Sur l'écran, les aiguilles ont bougé. Elles indiquaient jusqu'alors 16h52 et voilà qu'elles forment désormais 19h17 !

Elles ont avancé de 2 heures et 25 minutes.

2 heures et 25 minutes…

C'est le temps exact que j'ai passé cet après-midi assise à attendre auprès de la tombe.



Voilà.

Les années ont passé, la vie a suivi son cours et j'ai déménagé de ville en ville…

Mais j'ai toujours accroché près de mon lit la montre à gousset.

Car un jour, vois-tu, les aiguilles se remettront en marche.

Ce jour-là, je traverserai le miroir.

Et pour m'accueillir, il me tendra sa main...

Ses mains...

Les mains d'André.

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